mercredi 17 juin 2009

La situation des enfants nous interpelle!

La pauvreté dans laquelle vit la population congolaise et les enfants en particulier, est choquante. Loin des écoles et des salles de jeux pour enfants, le long des rues et dans les marchés, ils sont plusieurs dizaines d’enfants désœuvrés, des enfants de rue ou ceux qui exercent de petites activités lucratives qui contribuent à la survie de leurs familles. Cette pauvreté qui se répercute sur la vie des enfants est telle que des sources onusiennes affirment qu’environ «71 pour cent des ménages en République démocratique du Congo (RDC) vivent en dessous du seuil international de pauvreté qui est de l’équivalent d’un dollar américain par jour et qu’environ 80 pour cent des ménages congolais souffrent de la pauvreté dite non monétaire». A Kinshasa, la capitale congolaise, comme dans les provinces, plusieurs jeunes de moins de 18 ans issus de familles pauvres, dont Auguy Wata, 15 ans, ont parlé à IPS à propos de cette pauvreté qui les «prive de toute chance de devenir un jour des personnes capables de servir le pays». Wata, un des sept enfants d’une famille des parents séparés mais dont la mère est morte pendant qu’il était très jeune, a abandonné l’école à 12 ans faute des frais de scolarité. Il est «devenu cireur de chaussures dans la rue depuis l’âge de 13 ans et gagne l’équivalent en francs congolais d’environ un ou deux dollars américains par jour avec pour tout capital investi une brosse à chaussures et deux boîtes de cirage noir et brun», ce qui lui permet de «contribuer aux charges quotidiennes de la famille». Sur ses six autres frères, un seul a pu poursuivre les études, dit-il. «Tous les autres sont désœuvrés». Pour sa part, Michael Lusanga, 17 ans, a dit à IPS qu’il est «issu d’une famille de quatre enfants dont seulement deux ont eu la possibilité de poursuivre les études». Ses parents ne travaillent pas, mais, ajoute-t-il, de temps en temps, sa mère «fait un petit commerce sur la rue». Ayant arrêté les études à 15 ans pour chercher de petits boulots pouvant l’aider à «contribuer aux charges de la famille», tous les matins, Lusanga fait environ 30 kilomètres à pieds pour venir laver les voitures des fonctionnaires des Nations Unies dans la commune de Gombe, à Kinshasa, et gagner environ un dollar par voiture. Il fait ainsi environ «60 km pour gagner par jour trois à six dollars, notamment à cause de plusieurs autres jeunes désœuvrés avec qui il est obligé de partager ce travail». La situation de Wata et Lusanga n’est pas isolée. Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), rendu public le 5 juin, et dont copie est parvenue à IPS, «plus de 25 millions d’enfants représentant 39 pour cent de la population totale de la République Démocratique du Congo n’ont pas accès aux services sociaux de base de qualité et sont, de ce fait, privés de la jouissance de leurs droits à la survie, au développement et la protection».
Selon l’UNICEF, «la pauvreté qui affecte 77 pour cent des enfants» est due «aux inégalités sociales et aux disparités géographiques importantes dans l’accès aux ressources et aux services sociaux essentiels» mais aussi aux «effets des conflits et de l’instabilité politique et sociale que le pays a connus au cours des quinze dernières années». Comme l’ont déjà recommandé plusieurs organisations nationales et internationales, l’UNICEF, à son tour, estime que pour remédier à cette situation, l’Etat congolais doit non seulement «améliorer ses capacités institutionnelles des services publics, améliorer l’offre et la demande des services sociaux de base, améliorer le cadre de vie des ménages», mais doit aussi «renforcer les dispositions institutionnelles de protection sociale».
Le ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant regrette tout autant que «le DSRP ne soit pas mis en œuvre pour lutter réellement contre la pauvreté et protéger les enfants congolais». Esther Kamwanya, qui est directrice de l’inspection dans ce ministère après y avoir été conseillère juridique et chargée de la protection de l’enfant, a indiqué à IPS que le seul «mérite du DSRP est d’avoir tenu compte de l’enfant comme groupe spécifique» alors que la plupart des programmes ministériels «considèrent l’enfant dans un ensemble de personnes vulnérables sans spécificité».
Marie Noël Cikuru, coordonnatrice de l’ONG «Vision d’espoir» basée à Bukavu, dans l’est de la RDC, qui lutte pour la protection des enfants et des femmes, et Fernandez Murhola, président de la société civile de Kinshasa, ont exprimé à IPS la déception des activistes des droits de l’Homme. Tous les deux déplorent que finalement, «même la loi adoptée par le parlement et promulguée en janvier 2009 par le président de la République pour la protection de l’enfant, n’ait pas tenu compte des aspects matériels de la pauvreté dans laquelle vivent les enfants congolais». Pourtant, soulignent ces deux activistes, «cette loi se voulait un espoir pour l’amélioration directe de la condition générale de l’enfant en mettant en œuvre les recommandations spécifiques du DSRP».

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