Pour traquer les braconniers et les fraudeurs du parc de Kahuzi-Biega, au Sud-Kivu, en RDC, les communautés riveraines s'avèrent, depuis deux ans, plus efficaces que les policiers. Convaincre du bien fondé de la préservation vaut mieux que réprimer.
Neuf heures du matin dans le groupement de Miti, territoire de Kabare, au Sud-Kivu. La pluie tombe drue. Justin Bisimwa et ses deux fils tiennent par la ceinture un présumé vendeur de bambous. "Nous venons de l’appréhender avec des fagots de bambou du parc au moment où il voulait les vendre", expliquent-ils aux gardes du parc national de Kahuzi-Biega, en faction à l'entrée. Alertés par les cris, une dizaine de paysans accourent. Ce sont les membres d’une structure paysanne dénommée Comité de conservation communautaire. Ils sollicitent des gardes l’autorisation de résoudre eux-mêmes le problème. "Nous allons revenir vous rendre compte", affirme l’un deux. Les gardes acceptent facilement. Ils savent qu’un braconnier attrapé est soumis à des travaux communautaires par les CCC et n'est remis à la justice que s'il refuse de les faire. Depuis deux ans, ce sont, en effet, les riverains du parc qui protègent certaines espèces animales rares comme les gorilles de montagne et les singes de cette forêt classée patrimoine mondial de l'Unesco.
Neuf heures du matin dans le groupement de Miti, territoire de Kabare, au Sud-Kivu. La pluie tombe drue. Justin Bisimwa et ses deux fils tiennent par la ceinture un présumé vendeur de bambous. "Nous venons de l’appréhender avec des fagots de bambou du parc au moment où il voulait les vendre", expliquent-ils aux gardes du parc national de Kahuzi-Biega, en faction à l'entrée. Alertés par les cris, une dizaine de paysans accourent. Ce sont les membres d’une structure paysanne dénommée Comité de conservation communautaire. Ils sollicitent des gardes l’autorisation de résoudre eux-mêmes le problème. "Nous allons revenir vous rendre compte", affirme l’un deux. Les gardes acceptent facilement. Ils savent qu’un braconnier attrapé est soumis à des travaux communautaires par les CCC et n'est remis à la justice que s'il refuse de les faire. Depuis deux ans, ce sont, en effet, les riverains du parc qui protègent certaines espèces animales rares comme les gorilles de montagne et les singes de cette forêt classée patrimoine mondial de l'Unesco.
Pendant les guerres au Sud-Kivu, la population locale avait intensifié le piégeage des animaux pour se nourrir, massacrant éléphants et gorilles. Les bambous du parc servent eux à la construction des clôtures dans les villages et dans la ville de Bukavu.Gardes et communautés collaborentLes CCC, qui ont compris la nécessité de conserver la nature, collaborent aujourd'hui activement avec les gardes. Leurs membres expliquent aux gens le bien-fondé de la préservation des richesses du parc. Pour les en convaincre, ils rappellent, par exemple, que pour voir un gorille un étranger paie 300 $ et un Congolais 150 $, et aussi que l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) apporte un appui financier et matériel à ceux qui acceptent de protéger la faune et la flore du parc. Ceux qui comprennent où est leur intérêt remettent le matériel de braconnage : fusils de chasse, filets, les collets métalliques, etc.Les comités dénoncent les braconniers et ceux qui coupent les bambous. L’une des sensibilisatrices, Sifa Mauwa, se déclare satisfaite. "Nous barrons tout passage des bambous et des animaux du parc qu’on veut aller vendre dans la ville de Bukavu", affirme-t-elle. Les CCC, créés avec l’accord du PNKB, sont présents dans 11 groupements riverains du parc national de Kahuzi-Biega.En contrepartie, les responsables du parc ont réalisé des microprojets sur la base des demandes présentées par chaque CCC : réhabilitation ou construction d'infrastructures sociales telles que les écoles, les routes, les ponts dans chaque groupement. Dans le groupement de Miti, les élèves de l’école primaire Kajeje et Rwabika étudient depuis 2009 dans de bonnes conditions grâce à ces réalisations. Les parents s’en réjouissent. "C’est dans le cadre de la bonne collaboration entre la population et le parc que nos enfants étudient", affirme l'un d'eux. Mieux que la policeLe chargé de communication du parc, Anselme Matabaro, rappelle que depuis la création du parc national en 1970, seule l'approche policière était utilisée contre les braconniers comme dans d’autres sites de la RD Congo. Cela provoquait régulièrement des conflits entre les agents du parc et les riverains qui n'y comprenaient rien. "Nous avons vécu des scènes de bagarre entre nos gardes et la population qui cherchait à faire relâcher de force les braconniers appréhendés. Aujourd’hui, ce genre de scène n’existe plus", témoigne-t-il.Ainsi à Bukavu même, garder chez soi un perroquet ou un petit singe c'est courir le risque d'être appréhendé par la police. Les gens eux-mêmes dénoncent ceux qui en possèdent alors qu’on élevait ces animaux ouvertement il y a deux ans. Une trentaine de babouins et de petits singes, retirés des mains des braconniers, sont hébergés au Centre de recherche en sciences naturelles de Lwiro, à 35 km de la ville de Bukavu. Ils y sont gardés avec l’appui de la COOPERA, une organisation espagnole.
Des visites régulières sont organisées par le parc pour convaincre ceux qui détiennent encore des animaux de les rendre afin qu’ils soient remis dans leur milieu naturel.Ces comités de conservation communautaire sont efficaces : tous en conviennent. Mais ils du mal à s'autofinancer et à développer les activités agricoles et commerciales dont ils vivent sans l'appui de l'ICCN. Les gens ont tendance à estimer que c'est à l'institut d'appuyer leur plan de conservation et de développement, ce qui crée une sorte d’attentisme. Par ailleurs, en l'absence de loi consacrant la gestion participative des aires protégées en RDC, ces comités n'ont pas encore de statut juridique légal. C'est un obstacle pour l’avenir de ces structures, car si l'on doit, par exemple, rétrocéder une partie des recettes du parc aux populations locales, il est indispensable que la loi reconnaisse la cogestion.
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