Kimya II, préoccupe Bukavu et le Sud Kivu
Bukavu : ce jeudi 30 avril 2009 - La province du sud Kivu s’apprête a vivre l’une de ses périodes les plus difficiles avec le début de l’opération KIMYA II, opération destinée à traquer les éléments FDLR installés dans cette partie de la RDC.
C’est depuis maintenant plusieurs semaines que la population du Sud-Kivu assiste au déploiement massif des militaires provenant en grande partie de la province voisine du nord Kivu. Selon nos sources, il y aurait déjà trois brigades juste dans le rayon MITI – CIVANGA – KAVUMU, soit environs 12milles hommes armés prêts à s’engager sur le front pour démanteler les rebelles hutu Rwandais.
Selon le ministre congolais de la défense nationale, Ch. MWANDO SIMBA cette opération pourrait être déclenchée dans une dizaine de jours et des mesures adéquates ont été prises pour épargner les civils de toutes les conséquences néfastes de cette opération.
De leur coté les rebelles Hutu Rwandais se disent aussi prêts à se battre jusqu’au dernier souffle pour se défendre et menacent clairement les populations locales de représailles à la suite de cette opération.
Depuis qu’il y a ce déploiement massif, les signes d’une grande crise et d’une violence de rare intensité se manifestent un peu partout dans la province ; c’est notamment des cas d’assassinat dans la ville de Bukavu et à l’intérieur de la province. Dans la ville, dans trois mois l’on dénombre plusieurs cas d’assassinats dont cinq militaires et un policier ont été abattu dans la commune d’Ibanda au quartier NGUBA, le dernier cas en date est celui d’un adjudant chef abattu dans la nuit de ce mardi au mercredi 29 avril ; un avocat prêts la cour d’appel de Bukavu et assistant d’université a aussi été froidement abattu chez lui dans sa maison sur Avenue KIBOMBO en commune d’IBANDA toujours.
A l’intérieur de la province les FDLR et les militaires de l’armée loyale font aussi parler d’eux par des assassinats et autres violations manifestes des droits de la personne humaine ; dans le territoire de SHABUNDA par exemple, ces inciviques encerclent plusieurs villages et localités dans le groupement de BAMUGUBA SUD, de WAKABANGO I et II et dans celui de BAKISI. Ils se disent prêts à se battre jusqu’au dernier goûte de sang.
A CIVANGA dans le territoire de KABARE ces militaires qui se disent des FARDC se rendent champion en violation des droits de l’homme ; des assassinats sommaires en terme de règlement des comptes, des vols, viols et autres exactions sont devenus monnaie courante dans cette partie de la province. Et lorsque l’on interpelle l’autorité provinciale celle-ci se contente de dire que dans une famille il ne manque jamais des récalcitrants… quelle honte…
L’on signale aussi un mouvement d’un déplacement massif de ces rebelles Hutu Rwandais qui quittent certaines zones du nord Kivu pour venir renforcer leurs frères et amis au Sud-Kivu, une source proche du HCR nous renseigne que des centaines voire des milliers de Hutus se dirigent du territoire de WALIKALE vers SHABUNDA et KALEHE.
La population constate impuissant ce déploiement massif des militaires des FARDC, en grande partie issus du CNDP et se pose plusieurs questions notamment sur l’organisation et l’encadrement de ces éléments armés. Ces militaires tous venus du CNDP et avec tout ce qu’on sait de ce groupe armé montée de toutes pièces par le Rwanda et appuyé tant en armes qu’en hommes de troupe par ce pays suscitent plusieurs commentaires dans les rues et villages de la province du Sud-Kivu. Sont-ils réellement des militaires de FARDC ? Ne sont ils pas des militaires de l’armée ruandaise qu’on présente comme combattants du CNDP ? Plus de 15 brigades ont été brassés depuis le début de la transition en RDC, pourquoi ne pas recourir à ces brigades brassées pour mener cette opération ?
Pour la majeure partie de la population Sud-Kivu tienne il y a plusieurs zones d’ombre dans toutes ces histoires en commençant par les accords entre le président KABILA représenté par son missi domini, le général John NUMBI, commandant de la Police Nationale et investi depuis un temps par on ne sait quelle loi comme ambassadeur omnipotent et plénipotentiaire de la RDC jusqu’à commencer à signer des accords et conventions avec des Etats tiers à l’insu de toutes les institutions compétentes en la matière.
Les accords entre KABILA et KAGAME sont et demeurent jusque là inconnus. Pourquoi ne pas les mettre au grand jour ? Pourquoi ne pas associer des institutions habilitées dans ces accords ? Quel est le contenu exact de ces accords ? Pourquoi la famille politique du président de la république et son gouvernement parallèle s’en prennent ils à quiconque ose dénoncer ces accords ou qui cherche à connaître le contenu exact de ces accords ? Ces opérations sont elles opportunes et adéquates pour mettre fin une fois pour toute à la souffrance du peuple Sud-Kivu tien orchestré par ces élément armés depuis plus d’une décennie maintenant ?
Telles sont les principales préoccupations exprimées par la population Sud-Kivu tienne.
Dans l’un de ses discours à la Nation le président KABILA avait déclaré que la réalité est en train d’attraper les rêves…de quel rêve et réalité s’agit-il ?
La situation actuelle de l’est de la RDC est loin d’être résolu et ce n’est nullement pas par les armes qu’on mettra fin à cette épineuse question de la présence des rebelles ruandais et ougandais sur notre sol. Il suffit d’avoir un regard rétrospectif sur ce qui s’est passé et continuer de se passer au nord Kivu et en province orientale pour s’en rendre compte. Ces échecs patents ne suffisent ils pas pour qu’on envisage d’autres voies de sortie de crise ?
Bien sur il est évident et impérieux de se débarrasser de ces groupes armés nationaux et étrangers, mais ce n’est nullement par la voie des armes qu’on pourrait y arriver.
Il ne sert à rien de mentir la population congolaise, la RDC à elle seule ne pourra jamais et alors jamais régler ce dossier et même avec l’appui des militaires ruandais rien ne sera réglé, ces derniers ont été maître de l’est du Congo durant plusieurs années lors de la rébellion de l’AFDL et du RCD et ne sont jamais parvenu à anéantir les rebelles hutus ruandais. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’ils pourront le faire.
La solution à cette présence se trouve ailleurs et pas dans des opérations militaires, si non l’on passera KIMYA I, II, III, jusqu’à KIMYA 1000 sans aucun résultat concret pour le bien de la population. En tout cela, seule la population qui est victime. Bien entendu, on ne fait pas des omelettes sans casser d’œufs, mais on en a trop cassé et ne voudrait plus en casser d’autres. Ces hommes et femmes, enfants, jeunes et vieux de SHABUNDA, de MWENGA, de KABARE et WALUNGU ont longtemps souffert et en ont suffisamment marre. Cette nouvelle mascarade, la fameuse opération KIMYA II ne vient qu’alourdir leurs peines et souffrances.
Pour la population ces opérations ont certainement d’autres visées que celles d’anéantir les rebelles Hutus. Ces derniers savent très bien qu’aussi longtemps qu’il n’y aura pas des conditions politiques et sécuritaires pour leur retour dans leur pays, ils n’auront qu’un seul moyen, celui de se battre et de résister énergiquement à toute opération armée tendant à les détruire.
Le gouvernement congolais est conscient de cette évidence mais préfère faire semblant et semblent ignorer cette réalité plus qu’évidente et opte pour le massacre de leurs compatriotes congolais pris en otage par ces hors la loi.
La population Sud-Kivu tienne en a marre et veut qu’on trouve d’autres moyens pour faire rentrer dans leur pays ces rebelles Hutus et ne voudrait enterrer d’autres morts ni garder des enfants issus des viols perpétrés par ces éléments, des enfants jugés indésirables dans la société.