samedi 7 mars 2009

Vital Kamerhe, Président de l'Assemblée Nationale, forcé de démissionner! Pourquoi?

Les passions montent en République démocratique du Congo, à mesure que s’amenuise le délai prévu pour la fin des «opérations conjointes» menées par l’armée congolaise avec des troupes envoyées par les pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda. Ces opérations, déployées au Nord de la Province Orientale pour traquer les rebelles de l’Armée de libération du Seigneur (LRA) et dans la province du Nord Kivu, pour obliger les combattants hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda à rendre les armes suscitent des bilans controversés.La mission des Nations unies au Congo a déclaré que 3500 Rwandais avaient déjà été ramenés chez eux et à Kinshasa, l’ambassade des Etats Unis (qui avait fortement encouragé ces opérations militaires) a déjà parlé de réel succès.
Sur le terrain, si la coalition a annoncé avoir démantelé une place forte des FDLR dans le Masisi, il apparaît que les candidats au rapatriement vers le Rwanda sont surtout des femmes et des enfants et que les hommes, des combattants endurcis, choisissent de s’enfoncer plus avant dans la forêt congolaise. Cette fragmentation explique les craintes exprimées par la MONUC, qui redoute que ces hommes, acculés et désespérés, se vengent sur les populations civiles.Cependant, le chef d’état major de l’opération, le général John Numbi, a déclaré que 95% des objectifs avaient été atteints et que tous les état majors des FDLR avaient été détruits à tous les échelons. Du côté ougandais, le bilan est comparable: selon certaines sources la LRA serait démantelée, mais selon d’autres, elle se serait fragmentée en petits groupes de combattants, qui auraient commis de terribles massacres contre les civils (Human Rights Watch a cité le chiffre de 865 morts).
Si l’incertitude persiste sur le plan militaire, les enjeux politiques sont tout aussi brûlants. L’opinion congolaise redoute en effet que les troupes du Rwanda et de l’Ouganda ne prolongent leur présence au delà de la date prévue, transformant la coopération militaire d’aujourd’hui en occupation de fait des zones frontalières. Les évèques congolais, relayant l’inquiétude générale, ont souligné que l’opinion ne souhaitait pas une prolongation de la présence de ces armées tandis qu’une pétition circule parmi les parlementaires exigeant la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée.
L’opération conjointe menée avec l’armée rwandaise risque de faire une victime de poids, mais à Kinshasa cette fois: Vital Kamerhe, le président de l’Assemblée nationale, pourrait être poussé à la démission. Cet allié de la première heure du président Kabila, animateur de la majorité présidentielle, avait pris ces derniers temps plusieurs initiatives politiques comme l’ouverture d’un dialogue avec le général rebelle Laurent Nkunda qui exigeait sa présence aux pourparlers de Nairobi et, au nom de l’Assemblée nationale, il avait rédigé un plan de sortie de crise. Toutes ces propositions ayant été balayées par la soudaine alliance conclue au sommet entre Kabila et Kagame, Kamerhe, aussi frustré qu’inquiet, a confié ses doutes à la presse et incité les députés du Sud Kivu à exprimer leur défiance.Le président de l’Assemblée, absent du pays en ce moment, risque de payer très cher une fronde qui visait directement le chef de l’Etat.Mais si les armées étrangères jouent les prolongations, l’opinion basculera de son côté…

Aucun commentaire: