Conscients de la gravité de la situation, ils interpellent tout le monde: “ Il est temps de nous réveiller pour ne pas brader notre souveraineté nationale et trahir notre nation. Nous redisons avec force: le Congo n’est pas à vendre. L’avenir du Congo appartient aux Congolais ”. Un autre cri de guerre. Mais faut-il s’arrêter là, à ces appels de vigilance ? Ou multiplier les campagnes de sensibilisation tant auprès des dirigeants que des dirigés pour justement provoquer ce changement attendu par tout le monde ?
Réunis du 7 au 11 juillet 2008, les Archevêques et Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, viennent d’adresser un message pathétique d’espérance et d’interpellation au peuple congolais et à ses dirigeants. Un message qui ressemble plus à une sonnette d’alarme tant le tableau peint par les Evêques catholiques est dramatique. C’est-à-dire, “ un Congo toujours exsangue et extraverti; une population meurtrie, appauvrie, plongée dans une misère sans nom et continue à brayer du noir, des hommes et des femmes fatigués d’une crise multiforme, politique, spirituelle, morale, des valeurs ”.
D’où cette dénonciation en des termes vigoureux des “ 5 fléaux ” qui rongent la République démocratique du Congo. Il s’agit de la Corruption, de la Misère sociale, de la Faiblesse de l’Etat, de l’Insécurité et de l’Exploitation irrégulière des ressources naturelles.De la Corruption, les Evêques catholiques disent “ qu’elle est devenue le cadre général de vie et d’action socio-politique en RD Congo. Il y a péril en la demeure. Pour bâtir un grand Congo ne serait-il pas urgent de décréter une année de lutte contre la corruption ? ”
La Misère sociale, poursuivent les Evêques catholiques, se remarque par cette flambée de prix des denrées alimentaires, l’usage désabusé de la drogue et des abus sexuels, et des contrées entières semblent purement et simplement abandonnées par l’Etat dans un enclavement qui hypothèque tout développement pour les populations. “ Ne nous voilons pas la face, en RD Congo des personnes meurent de faim ”, souligne la déclaration de la CENCO.Bien plus, les Evêques enfoncent le clou : “ Il y a aujourd’hui un mur qui sépare toujours davantage les riches des pauvres. La tension salariale entre les hommes politiques et les agents de l’Etat appelle des réformes urgentes. Bien des salaires ne sont toujours pas payés, les enseignants et bon nombre d’agents de l’Etat sont clochardisés. Ce qui fait craindre une nouvelle vague de grèves à la prochaine rentrée scolaire si rien n’est fait pour les enseignants. Il est surprenant que même des sociétés minières n’arrivent plus à payer leurs agents.... Nous ne pouvons accepter une démocratie à deux vitesses, où il y a d’un côté ceux qui vivent dans l’opulence et de 1’autre ceux qui doivent se contenter des miettes ”.
En ce qui concerne la Faiblesse de l’autorité, de l’Etat, les Evêques catholiques espèrent l’émergence d’un leadership plus visionnaire et dynamique ”.
Et ce à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Et comme cela va de soi, cette absence de leadership entretient l’insécurité “ A l’heure actuelle la faiblesse de l’autorité de l’Etat se manifeste par une insécurité croissante et une instabilité politique persistante. L’insécurité semble aujourd’hui généralisée dans le pays. Des assassinats ciblés des personnes sur les routes et dans les maisons se multiplient. Des éleveurs Mbororo immigrés dans le Nord de la Province Orientale sacrifient les champs de la population, tuent tout autre herbivore, en faveur de leurs Vaches. Des éléments de la rébellion ougandaise LRA pillent dans les paroisses et maisons religieuses, enrôlent des jeunes dans leur rébellion, et réquisitionnent des adultes pour des travaux dans leurs champs. Des FDLR et autres réfugiés rwandais contrôlent encore des portions du territoire. Des Congolais sont refoulés de l’Angola dans des conditions inadmissibles. Des Frontières sont de plus en plus sans contrôle. Autant de situations qui devrait interpeller le Gouvernement ” font remarquer les Evêques.
Enfin, de l’Exploitation irrégulière, illégale, massive et abusive des ressources naturelles, tant minières que forestières, dérange les consciences sereines. Pire, soulignent les Evêques, les contrats léonins et les trafics d’influence “ mettent à nu la cupidité de nos congénères autant que des étrangers ”.
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