L'histoire du Kivu pendant les vingt dernières années est, il faut l'avouer, assez triste. Elle commence avec la scission de la grande province du Kivu en deux provinces autonomes. Cette scission pourrait être prise pour un avantage ou un désanvantage. Les années quantre-vingts dix sont marquées par l'avènement du multipartisme, quand le président Mobutu Sese Seko, à la tête du Zaïre depuis 1965 accepte la suppresion de son système politique à Parti Unique, le MPR ( Mouvement Populaire de la Révolution).
On a alors vu plusieurs centaines de parties politiques se former un peu partout dans pays, comme des champognons. Cela n'a pas duré parce que quelques années après, le président Mobutu reprend les choses en main, supprimant les acquis de la Conférence Nationale Souveraine, dont le président et l'organisateur principal était Mgr Mosengwo Pasinya Laurent, l'actuel président de la Conférence Episcopale nationale du Congo.
Le premier ministre, Tchisekedi Wa Mulumba Etienne est limogé quelques mois seulement après son éléction par la CNS ( Conférene nationale Souveraine). Plusieurs hommes politiques de l'ancienne opposition sont débauchés par Mr Mobutu, et ils ont eu tous le temps de se disqualifier parce qu'ils acceptent tous les postes proposés Mobutu au sein des différents gouvernements qui se sont succédés à une vitesse virtigineuse. Ils nommaient et révoquaient les gouvernements du jour au lendement. Tous ceux qui constituaient des vraies alterntives à Mobutu comme N'guz I Karl Bond, Tchisekedi, Birindwa, Kengo Wa Dondo... se sont pervertis politiquement et la nation qui a tant souffert de dictature désespèrait.
Plus à l'Est, les voisins du Zaïre vivent les mêmes difficultés d'instabilités politiques. Au Burundi, des coups d'Etats se succèdent, des élections sans suite... Au Rwanda, le FPR ( Front Patriotique Rwandais) multiplie les attaques en provenance de l'Ouganda, qui sconstituait sa base arrière. Le Régime de Habyarimana Juvénal, fait appel aux armées des Etats voisins, en particulier du Zaïre.
C'est là que commence le calvaire du Kivu. Les armées de Mobutu se déploient en masse à l'Est de la Rdc, dans le Nord et le Sud Kivu. Ces militaires, même s'ils ont pu empêcher le FPR de prendre le pouvoir à Kigali entre 1990-94, ont cependant volé, violé et tué, tant au Rwanda que dans le Kivu où ils étaient basés. J'etais très jeune à l'époque et je me rappelle que le seul fait de voir un beret rouge ou vert ( armée de l'air ou de terre) succitait une pannique. Ils étaient sans pitié, de vrais sauvages!
Le destin du Kivu est étroitement lié à celui du Rwanda et du Burundi voisins. En avril 1994, l'avion du président rwandais Habyarimana est abattu et ce dernier est tué. C'est le début de la guerre et du génocide rwandais.
L'Est du Congo a accueilli un premier groupe des refugiés : es Tustsi du Rwanda qui étaient menacés. Il ont été, bien accueillis. Je me rappelle qu'en 1994, j'étais à l'internat dans un lycée privé catholique de Bukavu : nous avons vécu dans cet internat scolaire avec deux jeunes rwandais. Une école maternelle non loin de notre lycée a été habitée pendant des mois par un groupe de refugiés.
De l'autre côté du lac Kivu, le FPR dirigé par Mr Kagame Paul, prenait le pouvoir. Des centaines de milliers des Hutus sont arrivés à leur tour à Bukavu et à Goma. Evidemment, les Tutsi,ce premier groupe refugié commencait à rentrer au Rwanda. Ils avaient désormais le pouvoir. Certains Tutsi qui vivaient au Congo depuis plusieurs générations sont aussi partis au Rwanda, qu'ils acceptaient désormais comme étant leur vrai pays. Des copains de classe sont partis... et ils sont bien installés au Rwanda. Il est vrai qu'il n'était pas facile d'organiser le retour de refugiés Tutsi dans la mesure où Hutu et Tusti se sont croisés sur le sol Congolais et les milices des deux ethnies étaient animés par des sentiments de vengeance.
Des camps de refugiés Hutu se sont constitués au Nord et au Sud Kivu. Un déploiment humanitaire jamais vu a été observé au Kivu. Parmi les refugies, toutes les couches sociales étaient mêlées : riches, pauvre, intellectuels et analphabètes, catholiques, protestants, musulmans..., enfants, jeunes et vieux, militaires, milices et innocents... par centaines de milliers. Toutes ces nouvelles populations se sont installés en ville où en périphéries, au bord du lac Kivu. Les refugiés préféraient ne pas s'éloigner de leur pays dans l'espoir d'y retourner un jour. Plusieurs tentatives de retour au pays par les armes ont echoué d'ailleurs.
Entre 1994-1997, on peut dire que les refugies Hutu ont vécu au Congo, aidé par les populations locales, mais aussi et essentiellement par le HCR ( Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés) et certaines organisations internationale. Cependant, entre 1996-97 peut être considéré comme le début des opérations militaires de l'AFP ( l'actuelle armée Rwandaise) à l'est du Congo. Des commandos de l'APR ont attaqué plusieurs camps des refugies, opérant des massacres.
Le but de ces attaques était d'obliger les hutus, -ceux qui se sentaient innocents, de rentrer au pays, de venger le génocide, de tester la force de l'armée de Mobutu. Ces attaques n'ayant pas atteint l'objectif envisagé, le régime de Kigali, soutenu par les Etats Unies ( qui en avaient marre de Mobutu qui leur tenait tête) et la Grande-Bretagne, va finalement décider de mener une guerre ouverte contre le Congo. Selon le Documentaire " L'Afrique en morceaux", outre des raisons économiques, démographiques dictées par certaines puissances Occidentales, il s'agissait aussi d'obliger les refigiés Hutu à retourner au pays.
Un mouvement rebelle est monté de toute pièce par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, avec à la tête un Congolais Laurent-Désiré Kabila. C'est la fameuse AFDL ( Alliance des Forces Démocratiques pour la libérations du Congo). Parmi les fondateurs de ce mouvement rebelle, on trouve des congolais comme Kabila LD, Kisase Ngandu, Masasu Nindaga... et d'autres beaucoup plus proche du Rwanda comme Bugera, Ruberwa, Nyarugabo... Devant cette force rebelle très organisée, l'armée de Mobutu est en débandade. Les villes de Bukavu, Uvira, Goma... bref, tout le couloir Est du Congo tombe bientôt entre les mains des rebelles, qui font, on dirait, une promenade de conquête devant une armée zaïroise livrée à elle-meme et en débandade. Des mercenaires Américains, Ethiopiens, Sud-Africain, Somaliens.... sont nombreux. Dans le Kivu, le nouveau mouvement rebelle est accueilli avec des sentiments mitigés : d'un côté c'estune très bonne idée de se débarasser du dictateur Mobutu, de l'autre, cette armée étrangère, composée essentiellement des Tutsi du Rwanda et des Ougandais suscite une certaine hostilité. Ces rebelles Tutsi, qui parlent le Knyarwanda, la langue du Rwanda, se caractèrsent par leur profond mépris des populations locales Congolaises, des massacres, leur facilité à tuer sans pitié, les exécutions capitales en public. On comprend tout de suite que c'est une invasion étrangère! En tout cas, en mai 1997, la capitale Kinshasa tombe entre les mains de ce mouvement rebelle. A la tête de cette armée, se trouve un certain James Kabarebe, l'actuel chef d'Etat major du Rwanda. Il est d'ailleurs resté chef d'Etat major de l'armée congolaise après la chute de Mobutu jusqu'en 1998.
Pendant toute cette conquête du Congo, des refugiés Hutus Rwandais sont massacrés par centaines des milliers dans les forêts du Congo. Les organisations humanitaires crient, mais personne ne semble entendre ce cri. Plusieurs accusations, preuves accablants, comme des fosses communes en témoignent, mais on en parle rarement. Les ressources du sol et du sous-sol congolais sont exploitées par ces armées étrangères: or, bois, animaux, coltan, diamant... On parle alors des pillages du Congo par des pays étrangers.
Les Congolais qui se montraient nationalistes parmi les fondateurs de l'AFDL sont assassinés ou exécutés, soit par l'armée Rwandaise, soit par Kabila LD assoiffé de gouverner seul. Ce dernier ne tarde pas à montrer sa vraie identité. Bientôt, il montre qu'il n'est pas le jouet des Rwandais. Il ne tarde pas à demander aux armées étrangères, particulièrement aux Rwandais, Burundais et Ougandais de partir.
C'est le début de la deuxème guerre de " libération" en 1998. Deux jours après les cérémonies d'aurevoir des armées étrangères, une autre rébellion est lancée à l'Est du Congo par les mêmes armées qui avaient porté au pouvoir Kabila, qu' ils accusent de népotisme, de dictature, d'organiser des massacres ou de planifier un génocide contres les minorités Tutsi du Congo.... C'est la naissance du RCD de Ruberwa, Nyarugabo et de nombreux Banyamulenge et du MLC de Jean-Pierre Bemba soutenus par le Rwanda et l'Ouganda et le Burundi.
Ces deux guerres du Congo ont fait plus de 4.000.000 des victimes parmi les populations congolaise, tout particulièrement à l'est du pays. On en parle rarement. Des négociations ont été faites entre le différents mouvements rebelles et le gouvernement de Kinshasa avec à sa tête Joseph Kabila, fils de Laurent-Désiré Kabila, assassiné dans des situations très obscures non encore élucidées en janvier 2001... même si certains fils du Congo ont été pris pour des boucs émissaires et en ont payé de leurs vies. Certains d'entre-eux sont encore dans la prison centrlae de Kinshasa ( Makala), condamnées à des peines capitales par une Cour d'Ordre Militaire.
Bref, des différents accords ( Arusha, Sun City, Prétoria), on est arrivé aux premières életcions législatives et présidentielles dont le vainqueur a été Joseph Kabila.
Pourtant, à l'est du pays, le calvaire continue. Le Rwanda a "fabriqué" un autre mouvement rebelle avec à la tête Laurent Nkunda, un pasteur évangélique, qui penseprotéger son ethnies des Tutsi sontre les milices Hutus. C'est la " la troisième guerre" du Congo. Nkundabatware (ou Nkuda) voudrait la création d'un Etat autonome, la République des Volcans, constitué par le Kivu, la partie nord du Katanga et la partie sud de la province Orientale. Ce pays permettrait au Rwanda de palier à ses problèmes démographique et économique, un schèmas que certaines puissances Occidentales auraient déjà adopté. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre Laurent Nkuda à cause des massacres commis par lui à Kisangani, à Bukavu et à Goma et dans d'autres territoires de Kivu.
Dans le nord comme au sud Kivu, des groupes et milices sont toujours actifs dans les forêts et montagnes et villages. Ils tuent, volent, violent sans pitié. L'armée loyaliste commet elle aussi des exactions comme les milices rebelles. La Monuc ( Missions de l'ONU au Congo) est impuissante devant tous ces mouvements et milices rebelles. Certains rapports des organisations locales et inernationales ont parfois accusé la Monuc de complicité avec les groupes rebelles, de traffic d'armes et des matières précieuses....
Ce calvaire continue et est loin de prendre fin! Et c'est la raison pour laquelle je pense que nous devons en parler pour que tous ces masacres des populations innocentes, ces pillages, vols et viols sur les femmes et les enfants cessent... et que soient jugés et punis tous les responsables nationaux et étrangers.