La lave volcanique solidifiée qui couvre le sol de Goma constitue à la fois un obstacle pour ceux qui veulent entreprendre des travaux de construction et un gagne-pain pour ceux qui se professionnalisent dans la taille de cette roche noire sortie du Nyiragongo lors de l’éruption de 2002. Les services des Bula matari sont sollicités tantôt creuser une fausse septique, tantôt briser la lave afin de dégager un passage.
J’en ai croisé deux près de chez moi. A l’invitation d’un de mes voisins, ces gaillards avaient pour mission d’affronter la roche et creuser un fossé de trois mètres de profondeur. Impossible de leur faire dire combien gagneront-ils après la tâche. « Secret professionnel » m’a tout simplement rétorqué Jérôme, 35 ans, père de trois enfants. « Je vis de ce métier depuis six ans. Plutôt que d’aller mendier ou voler, je préfère travailler. Ce n’est pas facile mais au moins je peux subvenir aux besoins primaires de ma famille s». A-t-il renchéri.
En attendant les bulldozers des 5 chantiers pour déblayer les rues de la ville et la partie de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Goma couverte de larve, la population se contente pour l’instant des services des Bula matari. Durant le sommeil du Nyiragongo, ses employés œuvrent sans relâche et tirent profit de l’absence d’une intervention des autorités compétentes pour couvrir les traces de la dernière éruption, 7 ans après la tragédie.