dimanche 25 mai 2008

Bemba arrêté à Bruxelles par la CPI pour ses crimes de guerr!

L'opposant congolais en exil Jean-Pierre Bemba a été arrêté à Bruxelles par les autorités belges agissant dans le cadre d'un mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI).
L'ancien chef de guerre de République démocratique du Congo, battu par Joseph Kabila à l'élection présidentielle de 2006, est accusé par la CPI d'implication dans des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en République centrafricaine en 2002-2003.
"Jean-Pierre Bemba Gombo, président et commandant en chef du Mouvement de libération du Congo serait pénalement responsable de quatre chefs de crimes de guerre et de deux chefs de crimes contre l'humanité commis sur le territoire de la République centrafricaine pendant la période allant du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003", précise la CPI sur son site internet.
Le mandat d'arrêt le visant n'avait pas été rendu public avant son arrestation.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, s'est félicité de cette arrestation, "fruit d'une opération complexe et bien planifiée" et a remercié les autorités belges.
"M. Bemba avait déjà commis de tels crimes en RCA; il avait déjà commis de tels crimes en RDC; il fallait l'arrêter", a-t-il ajouté.
L'ancien chef rebelle, craignant pour sa sécurité, avait quitté le Congo démocratique l'an dernier pour se réfugier au Portugal. Il nie les faits qui lui sont reprochés.
Selon la CPI, il serait impliqué dans une campagne systématique de meurtres et de viols en série commis sur des civils en Centrafrique par ses hommes du MLC. "Nous avons la preuve que M. Bemba a commis des crimes", a affirmé le procureur de la CPI.
Parallèlement à leur implication dans la guerre civile de 1998-2003 en ex-Zaïre, les combattants du Mouvement de libération du Congo de Bemba étaient intervenus en Centrafrique pour soutenir le président Ange Félix Patassé, menacé par la rébellion de François Bozizé, aujourd'hui chef de l'Etat.
Bemba comme Patassé, qui vit lui en exil au Togo, démentent ces accusations de crime de guerre.
Bemba est le premier suspect faisant l'objet d'un mandat d'arrêt délivré par la CPI dans le cadre de l'enquête sur les événements survenus en République centrafricaine ouverte en mai 2007 par le procureur Luis Moreno-Ocampo.
La CPI poursuit ses investigations sur ce qu'elle qualifie d'"attaque systématique ou généralisée contre la population civile" au cours de laquelle ont été commis "des viols, des actes de torture, des atteintes à la dignité de la personne et des pillages".
"L'arrestation de M. Bemba est un avertissement sérieux à tous ceux qui commettent, encouragent ou tolèrent les crimes sexuels", a souligné Moreno-Ocampo.
"Il n'y a pas d'excuses pour des centaines de viols, il n'y a pas d'excuses pour le viol d'une petite fille sous les yeux de ses parents, il n'y a pas d'excuses pour un chef qui ordonne, autorise ou tolère que ses troupes commettent des viols et des pillages."

jeudi 15 mai 2008

Les abus des Casques bleus de l'Onu au Kivu

La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc), récemment mise en cause pour des trafics présumés avec des miliciens, fait à nouveau face à un scandale après l'ouverture d'enquêtes sur des allégations d'"exploitation et d'abus sexuels" impliquant des Casques bleus. La Monuc est "très préoccupée par des allégations récemment apparues d'exploitation et d'abus sexuels, à l'encontre de certains de ses Casques bleus, dans la province du Nord-Kivu (est)", a déclaré mercredi son porte-parole, Kemal Saïki, au cours d'une conférence de presse à Kinshasa.
"Ces allégations font l'objet d'enquêtes approfondies par le Bureau des services de contrôle interne de l'ONU (BSCI)", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions.
Selon des informations obtenues par l'AFP de sources onusiennes et locales, ces enquêtes concerneraient notamment un réseau de prostitution enfantine présumé à Masisi, localité située à environ 60 km au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Des Casques bleus du contingent indien de la Monuc basés à Masisi auraient, pendant des mois entre mi-2007 et début 2008, eu des rapports sexuels avec des Congolaises mineures contre des sommes dérisoires, selon ces mêmes sources. Ces faits se seraient essentiellement déroulés dans un local situé non loin du camp de la Monuc, où plusieurs jeunes filles se rendaient à la demande des soldats de la paix. Le BSCI a commencé à enquêter en mars sur ces allégations. Depuis, la majorité des Casques bleus concernés aurait quitté la Monuc dans le cadre de la rotation habituelle des troupes.
Plus récemment, une autre enquête a été ouverte à Goma sur des allégations de tentative de viol par un Casque bleu de l'épouse d'un ex-combattant, qui se serait déroulée fin avril dans un camp accueillant les miliciens étrangers démobilisés. La Monuc - actuellement la plus importante mission de maintien de la paix dans le monde avec quelque 19.000 membres, dont 17.000 Casques bleus - a été éclaboussée par plusieurs scandales depuis son déploiement en RDC en 2001. En février 2005, l'ONU avait décidé d'interdire aux Casques bleus d'avoir des relations sexuelles avec des Congolais, affirmant avec force le principe de la "tolérance zéro" pour toute entorse à son code de conduite. Mais pour la seule période allant de décembre 2004 à août 2006, "au moins 140 cas d'allégations" d'abus sexuels ou de prostitution impliquant son personnel avaient été répertoriés par la Monuc.
Début mai 2008, l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HWR) a accusé l'ONU d'avoir étouffé des allégations de malversations visant des Casques bleus pakistanais et indiens, qui auraient été impliqués en 2005 dans des trafics d'armes et/ou d'or avec des miliciens congolais et étrangers. L'ONU a fermement démenti avoir couvert des trafics.
"La vérité, c'est que nous sommes otages des pays contributeurs de troupes. Les agissements de quelques-uns salissent le travail de toute la mission. Il serait temps que New York (le siège de l'ONU) fasse pression sur les pays contributeurs pour que des sanctions exemplaires soient prises contre les coupables", a déclaré à l'AFP un responsable de la Monuc, sous couvert d'anonymat.
L'Inde et le Pakistan sont deux des plus gros contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, qui ne dispose pas d'armée en tant que telle et dont les opérations sont menées avec les forces fournies par les pays membres. Lors de scandales, les Nations unies n'ont souvent comme seul moyen coercitif que de renvoyer les responsables dans leur pays d'origine, où ils peuvent être - ou pas - poursuivis au pénal.